Ambigüités politiques, censures médiatiques,
désintérêt militant, le projet de grande salle avance dans une sorte de
silence complice.
Voici un projet fou à 103 millions d’euros
minimum (certains parlent de 130) où chacun se positionne à titre personnel en
fonction des circonstances. Ce qui vaut pour les élus vaut aussi pour la
presse. Faisons le point :
Aux dernières nouvelles, Mme Corinne
Leveleux Teixera, l'une des responsables du PS orléanais, est contre le projet actuel sans
dire exactement quel est son souhait.
Aux dernières nouvelles, M. François
Bonneau, président PS de la région, est pour le projet et toujours prêt (lui et
les élus de sa majorité) à accorder 12 millions d’euros de subvention pour l’Arena (on dit parfois 11 ou 15 !)
Aux dernières nouvelles, les Verts ne disent
plus grand-chose. M. Grand qui était pour est désormais contre mais ne le fait
pas trop savoir.
Aux dernières nouvelles, le Front de Gauche
conduit par le Parti Communiste est contre l’Arena après avoir été pour une
« Arena pour tous »
( !) et propose clairement un autre projet (discutable) sur un site
différent et avec une salle moins grande (7000 places)
Aux dernières nouvelles, M. Grouard député-maire
UMP fonce toujours tête baissée pour faire aboutir le projet. Très content
d’avoir vu ses amis Sarkozy et Douillet appuyés le dossier auprès du CNDS juste
avant l’élection présidentielle, il n’a pas digéré le revirement dudit CNDS qui
a décidé de reporter l’octroi de la subvention de 15 millions (+ 5) après
l’élection de M. Hollande.
Le CNDS qui avait voté la subvention de justesse fin avril annule la décision à la quasi unanimité fin juillet. M. Grouard qui était passé en force deux mois plus tôt crie subitement au scandale et au règlement de comptes politique.
Que savons-nous du Centre national pour le développement du sport (CNDS) ? Qu’il fut créé en 2006 et qu’il était présidé en avril dernier par un certain Raymond-Max Aubert. Or, en juillet, ce M. Aubert était encore Président du CNDS et mieux même, on peut lire dans le Journal Officiel du 31 août 2012 ce qui suit : « Par un arrêté en date du 16 août 2012, Raymond-Max Aubert, inspecteur général de l'administration du développement durable honoraire, est chargé d'exercer les fonctions de président par intérim du conseil d'administration du Centre national pour le développement du sport (Arr. min. 16 août 2012, JO 31 août, p. 14056)
Or, que sait-on de M. Aubert ?
Qu’il fit ses études a l'ENA, issu de la promotion Voltaire comme… François Hollande
Qu'il fut élu député RPR en 1993 face à…François Hollande.
Qu’il fut élu maire de Tulle deux ans plus tard mais qu’il fut battu aux législatives (1997) et aux municipales (2001), par un certain… François Hollande.
Petite consolation 2003, il fut élu en 2003 président du conseil d'administration de l’Agence nationale pour le chèque-vacances(ANCV) puis devint enfin président du conseil d'administration du Centre national de développement du sport (CNDS).
M. Grouard s’attaque donc à une institution dirigée par un de ses amis politiques. M. Grouard qui est un supporter de François Fillon aurait-il trouvé à la tête du CNDS un supporter de J. F. Copé ?...
Côté presse, le débat sur l’Arena n’encombre ni les colonnes ni les antennes.
Aux dernières nouvelles, La République du Centre continue de se réjouir du projet. Toutes ses plus belles plumes n’ont pas le temps de donner la parole aux observateurs moins enthousiastes à l’exception des officiels. La lecture du livre de Marc Perelman ne leur ferait pas de mal pour comprendre réellement les véritables enjeux (voir ci-dessous).
Aux dernières nouvelles, La Tribune d’Orléans ne se pose toujours pas réellement de questions ni sur le coût pour la collectivité, ni sur le naming envisagé (la "Servier Arena" ?), ni sur les fonctions politiques et idéologiques de l'équipement. L’essentiel est de faire croire à la neutralité en se limitant au simple constat.
Aux dernières nouvelles, France Bleu Orléans et plus encore France 3 Orléans font le minimum en jugeant sans doute que le projet n’est qu’un projet « sportif » et ne mérite pas quelques minutes d’antenne régulières voir un dossier complet.
Le maire a bien compris que les ambigüités de l’opposition, la censure et la fausse neutralité de la presse, le désintérêt des « intellos » et de la plupart des responsables d’associations pour un équipement (dit sportif) de spectacles populaires, et le "refus de savoir" des militants dits progressistes, servent parfaitement son projet. Il ne s’en plaint pas. Le CACS
Lu dans
Le Monde le samedi 6 octobre 2012
Ces investissements que l'Etat repousse faute de crédits
LE
MONDE - 06.10.2012
De la Somme
aux Alpes-Maritimes, les grands projets d'infrastructures sont sur la sellette
faute de financements. Le projet de loi de finances 2013 prévoit ainsi que "des
projets non prioritaires ou dont le financement n'a jamais été établi sont
décalés ou arrêtés". Le gouvernement a annoncé une réduction de sa
dotation de financement des collectivités de 1,5 milliard en 2014 et 2015.
. Les
projets de lignes à grande vitesse (LGV) menacés
. Incertitudes sur le canal Seine-Nord
. La justice ralentit la construction de
prisons
. Les projets
culturels face à la disette budgétaire
Avec 2,63
milliards de crédits annoncés pour 2013, le ministère de la culture subit une
baisse de 3,3 % de son budget. En 2015, la chute devrait atteindre 5,5 %.
Sont ainsi
stoppés net : le projet d'un centre des réserves du Louvre ouvert au public à
Cergy-Pontoise, ainsi que le projet de centre international pariétal dit
"Lascaux-4" en Dordogne (12 millions d'euros).
A Paris, la
Maison de l'histoire de France, le Musée de la photo à l'hôtel de Nevers et la
salle supplémentaire à la Comédie-Française ne verront pas le jour.
A l'est de
la capitale, le projet de "Villa Médicis" en Seine-Saint-Denis,
installé dans la tour Utrillo, à Clichy-Montfermeil, sera "redimensionné".
Beaucoup d’investissements majeurs sont (seront sans doute)
annulés et reportés sauf les… « plus urgents » :
. Les grands stades pour
l’Euro 2016 : plus d’1,6 milliard d’euros
. Et, si l’on suit le maire
d’Orléans, le projet d’Arena de la ville : 103 millions d’euros au minimum (+
quelques autres salles en France)
Il est peut être temps
d’arrêter les « folies sportives »
Non à la construction et à
la rénovation des grands stades
Non à la construction des
grandes salles Arena
________________
Pour mieux comprendre les
enjeux économiques, politiques et idéologiques du projet Arena,
Lire le livre de l’architecte Marc
Perelman
Genèse
et structure d'un espace historique (psychologie de masse et spectacle total) - Gollion,
Infolio éditions [464 p., illus. coul., N&B] (2010)
Au cœur
des villes, le stade apparaît comme le lieu historique de la compétition
sportive et d’un spectacle planétaire. Né à Olympie, il s’est métamorphosé en
une machine à voir grâce à la modernité technologique – acier et verre, béton
et gigantesques porte-à-faux, systèmes télévisuels et vidéosurveillance.
Consacrant une architecture monumentale, le stade est devenu une puissance visuelle ostensible magnétisant les foules fascinées. La rigueur de sa géométrie en anneau participe du façonnement de la masse qui clame sa soumission à l’ordre de la compétition sportive au sein d’un espace clos et dans un temps rythmé par les prouesses des athlètes.
Loin de la neutralité, de l’innocence, de la pureté où il puiserait une force originelle, le stade est le réceptacle dans lequel s’accumulent les ferments de la violence. Les rancœurs politiques et sociales sont captées, orientées et amplifiées par la logique de la compétition sportive dont le stade est la matrice.
Consacrant une architecture monumentale, le stade est devenu une puissance visuelle ostensible magnétisant les foules fascinées. La rigueur de sa géométrie en anneau participe du façonnement de la masse qui clame sa soumission à l’ordre de la compétition sportive au sein d’un espace clos et dans un temps rythmé par les prouesses des athlètes.
Loin de la neutralité, de l’innocence, de la pureté où il puiserait une force originelle, le stade est le réceptacle dans lequel s’accumulent les ferments de la violence. Les rancœurs politiques et sociales sont captées, orientées et amplifiées par la logique de la compétition sportive dont le stade est la matrice.
« Peu de réalités échappent autant au
questionnement critique dans notre modernité que le stade. Le mythe sportif
étouffe les intelligences. Auteur de nombreux ouvrages sur le sport et sa
fonction sociopolitique, l’architecte et esthéticien Marc Perelman, avec son
livre L’Ère des stades, comble cette lacune. » (Robert Redeker, Tageblatt)
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« Si on parle de “dieux du stade”,
c’est parce que le stade doit lui-même quelque chose aux dieux. En
particulier au fils de Zeus et de la mortelle Alcmène, au héros qui de ses
mains étrangla le lion de Némée et captura Cerbère dans les Enfers : le
vigoureux et rusé Héraklès, ou Hercule. » (Robert Maggiori, Libération)
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Pour
tout renseignement :
Centre
d'Analyse Critique du Sport :
Mail : lecacs@live.fr
tél :
06 82 57 55 73
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