Archives jusqu'en août 2015



Archives  jusqu'en Août 2015
Le Tour de France est intouchable
Les éleveurs ont choisi la mauvaise cible
"On bloque l'Ile d'Oléron pour se faire entendre, pour avoir des retombées médiatiques" disent les éleveurs
Questions :
. Pourquoi bloquent-ils le pont de l'Ile d'Oléron, lieu familial,  et ne bloquent-ils pas le pont de l'Ile de Ré, lieu plus "people"
. Pourquoi, plus encore, bloquent-ils le Pont d'Oléron et n'ont-ils pas bloqué les routes du Tour de France ? Voilà qui aurait fait beaucoup plus de bruit que "la prise en otages" des travailleurs et touristes de l'Ile d'Oléron ?
Réponses :
Parce ce que le sport en général et le Tour en particulier sont intouchables.
Parce que les éleveurs savent fort bien que leur prétendue popularité largement soulignée par la presse (les cheminots et les enseignants seraient immédiatement accusés de prendre en otages - sans guillemets- voyageurs et élèves en utilisant des armes similaires) aurait irrémédiablement chuté si la course avait été arrêtée. Une course qu'on  qualifie hâtivement de "fête populaire" et qui est d'abord et avant tout une "foire commerciale" (parole de la Ministre en 1983) et une  vitrine de la libre entreprise, de l'économie de marché et pour le dire plus simplement, du capitalisme.
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Mediapart


12 juin 2015


France – Entretien


«Objections», l'émission politique


Chaque semaine, Hubert Huertas et la rédaction de Mediapart reçoivent une personnalité politique. Un entretien d'une demi-heure maximum, sur une thématique, loin des petites phrases.


 


Michel Caillat : « Le sport est un phénomène social majeur de notre temps. Il est incompréhensible qu’il reste en dehors de tout débat argumenté»


12 juin 2015 |  Par Hubert Huertas et Stéphane Alliès


  Le scandale de la Fédération internationale de football s’étend et s’aggrave, mais Michel Caillat, invité d’Objections cette semaine, ne voit dans cette affaire qu’un épisode de plus dans une histoire éternelle, qui secoue « la Fifa depuis quarante ans, et le sport depuis toujours ». Michel Caillat dirige le Centre d’analyse critique du sport, et a publié une dizaine d’ouvrages sur ce qu’il appelle « une imposture absolue ». Il explique pourquoi dans l’entretien accordé à Médiapart au cours duquel il évoque les fonctions politiques, idéologiques et économiques du sport.


Pour écouter l’émission taper :


Mediapart- Michel Caillat sur un moteur de recherche


ou


http://www.dailymotion.com/video/x2tnq4e_michel-caillat-l-affaire-blatter-existe-depuis-toujours_news


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Quand l’accessoire cache l’essentiel
   Le premier ministre va assister à la finale de la Champions League et la meute crie au scandale. Le fameux « argent du contribuable » aurait été une fois encore gaspillé. Le voyage était symboliquement maladroit, inutile, etc., mais l’important est ailleurs.  Faire le « buzz » (le tintamarre, le ramdam)  avec rien ou presque rien ça évite d’aborder l’essentiel, les vraies questions :


-         Quel sera le coût de cet Euro 2016 pour la France ? (2 milliards d’euros estimés au minimum)


-         Quelles retombées économiques et sociales entraînera l’organisation de cet Euro 2016 ? Les leçons de l’histoire contredisent clairement les discours d’évidence sur le bilan positif des grands événements sportifs.


-         Que penser de ce matraquage, de cette propagande, bref de ce conditionnement du peuple français à un an de l’ouverture de l’Euro 2016 ? Le sport opium du peuple est-ce vraiment une simple formule qui fait s’évanouir les amoureux de la balle ronde (et beaucoup d’autres)  ou une réalité indiscutable tant les compétitions de haut niveau saturent notre espace et notre temps, et donc la conscience des acteurs sociaux ?


   Interventions dans les écoles, nomination de 11 ambassadeurs pour mobiliser les masses, désignation d’ambassadeurs de villes, bus des volontaires qui parcourent la France, réception de Michel Platini, président de l’UEFA, à l’Elysée, presse a-critique face à l’événement avec une  liberté surveillée pour les journalistes de France Inter qui parraine l’événement (il faut plaindre les journalistes de la radio publique qui ne  joueront pas les courroies de transmission avec à leur tête le supporteur numéro 1 de l’équipe de France, Jacques Vendroux).


   Pendant un an, la propagande pro sportive va non seulement envahir tous les lieux mais va faire apparaître une fois de plus le sport comme « allant de soi », comme intouchable et  impensé. Or, l’organisation d’une telle compétition met parfaitement en lumière les fonctions politiques, économiques et idéologiques du sport.


   Le voyage de Manuel Valls est un épiphénomène. Plus que le voyage ce sont ses déclarations sur l’image de la France et c’est l’accompagnement par ses deux enfants (ont-ils choisi d’y aller ?) qui  devraient nous poser des questions. Mais voilà, s’interroger sur le conditionnement de la population et d’abord de la jeunesse, se demander si la vie doit se résumer à être spectateur et non acteur demande plus de travail que la simple indignation devant un voyage à Berlin. Contre les grands événements et les gigantesques infrastructures, on peut rêver d’une foule de petits espaces et de salles où la majorité des citoyens feraient de l’activité physique au lieu de regarder des champions  et de vivre ainsi par procuration. 


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 De l’école au Comité “11 tricolores”
La propagande discrète mais efficace pour l’Euro 2016


   Au terme d’une semaine dite agitée, le football a repris ses droits” . Voilà la formule d’usage qui permet de passer au plus vite à autre chose et de faire croire que le football ce n’est que 22 acteurs et un résultat.  


  La victoire du PSG en finale de la Coupe de France devant le “petit”  Auxerre  et celle de Barcelone en Coupe du roi (la Coupe d’Espagne) avec le “but magique du génie Messi” (!) ont fait oublier les affrontements et hypocrisies du congrès de la FIFA.


   Sans l’intervention de la justice, l’affaire de corruption, mal qui frappe la FIFA depuis des dizaines d’années, serait passée  inaperçue. Qui se souvient dans quel climat a eu lieu  l’élection de Sepp Blatter en 2011 ?


   Cette semaine encore, le trentième anniversaire de la tragédie du stade du Heysel (39 morts et 500 blessés le 29 mai 1985) a été largement ignoré. La violence, aussi permanente que la corruption,  ne mérite d’intérêt et d’analyse qu’au moment des grandes catastrophes (Lima, Sheffield, Bastia,)
   Le sport étant aussi conditionnement des esprits, la France est touchée par la propagande discrète mais efficace pour l’EURO 2016, événement d’ores et déjà présenté par  le puissant complexe politico-médiatico sportif comme une magnifique “fête populaire”.  Le matraquage commencé il y a quelques mois dans les écoles se poursuit avec la nomination ce 30 mai par François Hollande  de 11 ambassadeurs chargés de mobiliser les masses et avant tout la jeunesse. Le Docteur Michel Cymes a même accepté de faire partie de cette “équipe”  sans voir qu’il alimentait ainsi la confusion entre sport et activité physique.
   En une semaine les fonctions politiques, économiques et idéologiques du sport ont été parfaitement illustrées.
   En une semaine, le sport a montré qu’il était bien à tout niveau, une “imposture absolue”.
   Mais finalement qui souhaite réellement un débat de fond sur l’institution sportive, sa puissance idéologique, son poids économique, son rôle politique ?
   Faute de vouloir dialoguer, échanger des points de vue, la plupart des amoureux du sport (pratiquants, journalistes, hommes politiques, etc.) se réfugient dans le silence, technique bien connue pour que rien ne change. D’autres accusent, dénigrent, insultent sans le moindre argument ceux qui cherchent à comprendre et à faire comprendre.
   Il ne faut pourtant pas l’oublier : analyser le sport c’est aussi la société.


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Le (nouveau) scandale de la FIFA en est la plus parfaite illustration


Sport : l’imposture absolue


 


« Le sport illustre une catégorie d’imposture indépassable, l’imposture absolue, celle qui consiste à cacher des desseins peu moraux voire immoraux sous le couvert d’une éthique universelle » - Michel Caillat, « Sport : l’imposture absolue », Editions Le Cavalier Bleu, 2014


   Tout le monde le sait mais tout le monde, à quelques très rares exceptions,  se tait depuis très longtemps


   La corruption de la FIFA est connue, démontée, dévoilée. “Toutes les affaires des vingt dernières années ont été rapidement étouffées par le gouvernement du football et par une certaine presse” dans un ouvrage important publié en... 1982 !


   Comme sur le dopage, la violence, le poids de l’argent et de la politique, les magouilles, etc. rien ne changera. Tout, en matière de corruption,  continuera comme avant, tant les silences complices et les fausses indignations sont nombreux dans le mouvement sportif, la presse, le monde politique et l’univers des amoureux du sport (sans oublier tous les indifférents). L’essentiel c’est de faire rêver, de susciter des émotions. La vitrine doit être accueillante. Inutile d’aller à l’intérieur de la “boutique”.


   Le mariage d’amour (du football) est d’abord un mariage d’intérêts pour le complexe médiatico politico sportif. On nous parlera encore longtemps de l’idéal sportif et de ses valeurs de respect, de loyauté,  de pureté...


 


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    En 2011 l’élection du Président de la FIFA s’est déroulée dans une atmosphère asphyxiante. Voici ce qu’on pouvait  lire le jour de la réélection de Sepp Blatter : “La journée de mercredi s'est déroulée sans accroc pour Blatter, alors que l'instance du football mondial est au coeur d'une tempête incroyable depuis une semaine, cernée par les accusations de corruption et minée par des enquêtes internes”


En 2011 , Platini soutenait Blatter et affirmait : “La mission de Blatter est maintenant de libérer la FIFA des brebis galeuses”


En 2011, Platini avait sans doute la certitude que Blatter s’effacerait en 2015 et lui laisserait la place...


 


L’anniversaire oublié ?


N’oublions pas (et visiblement c’est oublié par beaucoup de monde)  : Il y a 30 ans, le 29 mai 1985, Michel Platini marquait le but victorieux de la Juventus de Turin devant Liverpool en finale de la Coupe d’Europe des clubs champions. Il marquait quelques minutes seulement après la tragédie du stade du Heysel qui a fait 39 morts et plus de 500 blessés. Le football assassiné ou assassin ? La question fut vite enterrée...


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La dialectique sportive des "amis de Mélenchon"


Le Front de gauche pour les Jeux Olympiques de Paris 2024 à Orléans 


mais contre les Jeux Olympiques de Paris 2024 à Paris !


(voir page J.O. de Paris - onglet ci-dessus)


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 US Orléans : le match de la mort !  L’USO : vaincre ou mourir.-  


   Le match USO-Sochaux du vendredi 22 mai se jouera en toute décontraction, dans le but de proposer un beau spectacle aux supporters venus voir une rencontre agréable et de qualité quel que soit le résultat. Les titres de la presse et les déclarations des responsables nous le confirment : l’essentiel c’est de participer ! 


   Bien sûr, des millions sont en jeu, une descente en nationale serait catastrophique pour les finances, pour les joueurs et les autres salariés du club, bien sûr pour la ville une belle vitrine disparaîtrait (l’équipe de basket a failli subir le même sort et tout dans les coulisses prouve que la politique n’intervient jamais !), bien sûr la pression est terrible, mais nul doute que le jeu primera l’enjeu !


   Vous ne le croyez pas ? C’est pourtant ce que le discours dominant nous martèle depuis toujours : le sport n’est qu’un divertissement, rien de plus. Un jeu où priment - on vous le répète depuis votre plus jeune enfance - les valeurs de respect, de loyauté, de pureté et de fraternité. Il a fallu une décision de la commission supérieure d'appel de la Fédération française de football pour que les responsables orléanais ouvrent momentanément les yeux : « D'abord, je suis étonné de la date choisie pour communiquer cette décision. 48 heures avant la dernière journée : c'est se moquer du monde, c'est manquer de respect à ceux qui travaillent et c'est ne pas respecter l'équité du championnat, affirme Olivier Frapolli, l’entraîneur de l'US Orléans. La tentative de corruption est avérée puisque sanctionnée. Et combien ça coûte ? Huit points la saison prochaine ! Presque rien en fait. Elle est où la morale ? Pour moi, c'est donc un encouragement à la corruption de la part de la FFF. »Quoi de la corruption dans le football ? Non, jamais, ça se saurait"


   La réaction de Philippe Boutron, le Président du club, est plus vive encore : « Cette décision, c'est la porte ouverte à tout. Le pire, c'est qu'elle est prise par la FFF qui se veut garante de l'éthique. C'est une vaste fumisterie. Qu'on ne vienne plus nous parler de déontologie, d'éthique ou de respect. Maintenant, en football, il faut mieux avoir de bons avocats ou un bon lobbying que de bons joueurs ».


   Boutron et Frappoli semblent enfin comprendre qu’il y a un fossé entre les discours sur le sport et la réalité. Que l’idéal sportif n’est qu’un pur échafaudage idéologique. Bref, que le sport est une « imposture absolue ». Oseront-ils le dire clairement même en cas de maintien ? Vous connaissez la réponse… 


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 France 2 invente l'eau chaude (ou tiède)


   La chaîne publique annonce une enquête exceptionnelle (un document choc) dans le Stade 2 du dimanche 3 mai. Une enquête sur le dopage. Huit sportifs de bon niveau se sont dopés et France 2 avec ses fins limiers en tirent des conséquences terribles. Le fait que des sportifs se soient dopés n'est  pas une nouveauté mais dans le cas présent,  ils étaient publiquement consentants pour les besoins de l'expérience (alors qu'habituellement tout se passe en privé, dans le secret des “vestiaires”). Les deux résultats majeurs de la dite expérience bouleversent les connaissances : d'une part, avec le dopage, les performances sont meilleures ;  d'autre part, même dopés, les sportifs ne sont pas contrôlés positifs. Voilà deux révélations qui changent la donne. Et qu'on peut trouver dans une foule d'articles (y compris ceux des membres du CACS) depuis trente ou quarante ans ! Dans l’enquête, deux chercheurs prônent la légalisation du dopage. C’est  une demande formulée dès les années 20 et à plusieurs reprises dans les années 1960-70.


   L’essentiel dans l’affaire est de faire croire que “ce protocole  va servir de base pour améliorer les méthodes de détection et le passeport biologique” parce que “ sinon les tricheurs risquent de continuer de courir et rouler tranquilles ! »


   C’est clair, France 2 prépare le Tour de France. Thierry Adam, Gérard Holtz, Laurent Jalabert et le petit nouveau Eric Fottorino (un amoureux du vélo !) pourront ainsi dans quelques semaines nous vendre une course propre qui en aura enfin fini avec ses sales années (un refrain bien connu depuis longtemps et largement chanté par le directeur de l’épreuve, un ancien de la maison).


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 Vive Marcelo Bielsa 


 ou le jeu contre le sport !


    L'entraîneur d'Evian Pascal Duprat dit clairement ce que toute la presse dite spécialisée (et surtout limitée aux simples résultats et aux commentaires insignifiants) pense : Marcelo Bielsa s'est moqué du football en laissant Lorient marquer cinq buts au stade Vélodrome. C'est la crise à l'OM, c'est honteux, c'est inadmissible.


    Le sport c'est ça : la gagne ou rien. Mieux vaut vaincre 1-0 en marquant à la dernière minute au terme d'une rencontre très ennuyeuse que voir huit buts au terme d'une rencontre exaltante truffée d'erreurs de débutants (de pupilles ou de minimes comme on dit encore parfois). L'OM a joué – certains sans se fatiguer comme Thauvin, le gamin qui fait la tête - et a perdu.


   Marcelo Bielsa donne une leçon a tout le monde. Il a simplement oublié que le sport n'est pas un jeu (lire le chapitre consacré à cette différence majeure dans le livre de Michel Caillat, "Sport, l'imposture absolue”, Editions Le Cavalier Bleu, 2014).


   Bielsa a raison :   Oui au jeu, Oui à l’activité physique,  Non au sport !


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 Le sport facteur de diversion ? Non jamais.  Les Marseillais savent défendre les vraies causes humanitaires


Près de 7 000 personnes manifestent pour et contre Bielsa


 Environ 200 personnes à Marseille à une manifestation en soutien aux "migrants" 


   Des supporters marseillais bien connus pour leur bon esprit (le bon esprit est le contraire de l’esprit sportif) ont bien compris la démarche de l’entraîneur chilien en organisant une marche pro Bielsa . Il est vrai que c’était juste avant le match contre Lorient.


  Depuis, ces mêmes supporters ou d’autres aussi versatiles que la presse provençale (et nationale) ont décidé d’organiser une autre manifestation à l’objectif social majeur  : voir Marcelo Bielsa quitter la Canebière.  Leurs commentaires sont magnifiques, sublimes aurait dit Marguerite Duras. Karim B., ultra marseillais depuis plus de dix ans, critique ainsi  Bielsa. « On nous a vendus Dieu et on se retrouve avec un gourou merdique digne de Raël. Même mon petit-neveu de cinq ans se débrouillerait mieux que lui. Et le match d’hier, c’est le pompon ! Les Merlus nous ont mis cinq buts… cinq buts ! Même le petit péteux de Jordan Ayew s’est baladé comme un Messi et Ripoll, l’entraîneur qui ressemble à un marin-pêcheur, lui a donné une leçon tactique. » Bravo pour la finesse de l’analyse.  


   De son côté,  Vincent, ancien partisan du mouvement « Bielsa No Se Va », fait machine arrière.  « Je me sens comme un cocu. J’y ai cru à cette histoire, mais là, je dois me résoudre à l’évidence ; Bielsa est véritablement fou ». Comme Karim et Vincent, plus de 7.000 supporters marseillais participent à la manifestation anti-Bielsa le dimanche 26 avril avec de très solides mots d’ordre : « 11M€ pour une chèvre comme Ocampos, on dirait un transfert effectué par les Parigos ! ». Le mouvement « Bielsa ne part pas » se transforme ainsi rapidement  en « Bielsa, dégage ! », vocabulaire plus proche du jargon footballistique.    


   Discours affligeant, désolantes attitudes de personnes qui vivent par procuration. Les observateurs (presse, personnel politique, milieux intellectuels) applaudissent ou se taisent devant de tels comportements mais ne veulent surtout pas se désolidariser du peuple. Le foot est populaire donc le foot est sacré. Derrière les « Bielsa no se va », ils feignent d’entendre « El pueblo unido jamas sera vencido ».  


   Quand des manifestations sportives attirent beaucoup plus de monde que des manifestations de défense du pouvoir d’achat et des retraites, ou de lutte contre les discriminations et les atteintes aux droits de l'Homme, il est bon de réfléchir aux deux affirmations suivantes : d’une part,  le sport, facteur de diversion, n’est pas un phénomène neutre et anodin ;  d’autre part, le peuple uni aveuglément derrière un ballon rond loin de n’être jamais vaincu, l’est toujours.


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   Non, Monsieur Joffrin, les trois anciens champions morts dans un accident d'hélicoptère ne vivaient pas la vie que beaucoup de citoyens veulent vivre. En tout cas, il faut l'espérer. Il y a d'autres valeurs à défendre que l'éternel dépassement de soi , l'impitoyable esprit de compétition, la concurrence impitoyable et permanente, le "flirt" jouissif avec l'extrême et la mort, etc.


Ce n'est pas insulter les disparus que de le dire haut et fort. On peut vivre une vie plus... humaine.


 


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 La "grande" presse en parlera dans 10 ou 15 ans


   Le rapport de la Commission indépendante de réforme du cyclisme (tout un programme !) publié le 9 mars, revient sur les pratiques dopantes du peloton depuis 1998 et sur la gestion du problème par l'Union cycliste internationale (UCI). Le rapport précise que Lance Armstrong a été protégé par l’UCI de 1991 à 2005. Faut-il préciser que Lance Armstrong a également été fortement protégé par une grande partie de la presse : demandez à Holtz, Godard, Drucker et autres Prudhomme devenu… directeur du Tour de France. Le rapport  juge effarante la proximité entre le coureur américain et l’UCI.  Le CACS juge tout aussi effarante la proximité entre la presse et les sportifs. Soutien d’Armstrong hier malgré tous les faits de présomption, elle récidive en assurant l’omerta sur le dopage dans le rugby et dans le football. Dans une dizaine d’années, un rapport viendra officiellement confirmer les pratiques dopantes généralisées dans ces deux grands sports collectifs. Les médias joueront alors les justiciers et dénonceront vertement des pratiques qu’ils couvrent aujourd’hui.


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Le refus de savoir est terrible. "Dany" le sait trop bien...


    En ce début mars, Daniel Cohn Bendit est l'invité d'une foule de radios et de télévisions. Il a ses entrées un peu partout pour défendre un documentaire sur l'exception Socrates et vendre les prétendues valeurs du sport. Comme un enfant, "Dany le rouge" (tu parles !) nous raconte son mondial dans le pays du joueur Brésilien. Ce documentaire insignifiant symbolise l'aveuglement des journalistes et des militants  dits progressistes face au sport. Dans le même temps, Pierre Ballester qui n'est pas un critique du sport - loin s'en faut - sort son livre sur le dopage dans le rugby. Silence on joue. Ballester n'est pas Cohn Bendit. On ne touche pas au sport en général et moins encore au rugby en particulier. La censure, l'ignorance entretenue, le silence complice sur ce qui est aujourd'hui le plus grand phénomène de masse sont terribles. Nos discours ne changent rien. Vous pouvez apporter 1000 preuves que l'argent, le dopage, la violence, le racisme dans le sport ne datent  pas d'hier, que sport et capitalisme sont intrinsèquement liés et que le sport a toujours été l'enfant chéri des pouvoirs les plus autoritaires, vous vous heurtez au mur des "institutionnels" (médias, personnel politique, etc) et au refus de savoir du plus grand nombre.


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 Le rugby, ses valeurs et le dopage


Pierre Ballester qui avait sorti des livres intéressants, documentés et justes sur Lance Armstrong publie un livre qui « charge » le rugby dans quelques jours (1). Le monde du ballon ovale s’étouffe déjà à la seule lecture des bonnes feuilles. Or, sans aller très loin dans le temps, nous reproduisons ci-dessous les premières lignes du chapitre consacré au dopage dans le livre de Michel Caillat sorti en 2002,  « Le Sport », Collection Idées reçues, Editions Le Cavalier Bleu. Curieusement, Pierre Berbizier semble aujourd’hui se réfugier dans le mutisme.


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(1) Rugby à charges, l'enquête choc (éditions La Martinière), Sortie le 5 mars


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 Le dopage ternit l’image du sport  


    «J'en ai pris durant toute ma carrière, j'en ai pris de quoi faire sauter la Tour Eiffel et j'ai gardé bon pied, bon œil ».  Victor Linard, champion du monde de cyclisme (années 1920)


    Le 6 janvier 2001, Pierre Berbizier, ancien capitaine et entraîneur du XV de France, confesse : «Il y a du dopage dans le championnat de France de rugby». Ses déclarations font l'objet d'une bombe. «Je tombe des nues» avoue Serge Simon, Président du Syndicat national des joueurs. Ce sont des déclarations «courageuses» souligne Marie-George Buffet, Ministre de la Jeunesse et des Sports. En quelques lignes se trouve ici résumée toute l'histoire des discours sur le dopage et de ses trois grands supports : la fausse révélation, l'étonnement naïf et le faire-semblant. Sans aller très loin en arrière, quelques archives rappellent opportunément qu'un contrôle prévu lors du match du Tournoi des Cinq Nations France-Irlande en 1968 a déclenché une vraie polémique. En 1972, dans sa thèse de pharmacie, Christian Bimes, devenu président de la fédération française de tennis, écrit à propos du rugby : «Si aucun contrôle officiel n'a été réalisé, il n'en reste pas moins que certains joueurs de second plan ont avoué s'être dopés». A la même époque, le Président de la Fédération Albert Ferrasse juge le «problème bien embarrassant». C'est net, Pierre Berbizier a dit tout haut ce que l'immense majorité murmure ou ne veut pas voir depuis longtemps.


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 Allez les Verts !


Lu le samedi, 21 février sur le site Mag Centre ce titre : « USO-TFC, 2-1: un beau derby » . Et comme intertitre ce qui suit :  « Festival de coups francs et de cartons ». Comme dirait le philosophe : qu’est-ce que le beau ? Ce match était parrainé par la Région Centre et le coup d’envoi a même été donné par le Conseiller régional Ecologie-les Verts, Jean-Philippe Grand (EELV), Faire du sport un vrai sujet de débat n’intéresse ni la droite,  ni la gauche (PS), ni les Verts, ni le NPA, ni le Parti de gauche. Une analyse politique, économique et idéologique de ce fait social de masse qui se  présente sous le masque de la neutralité et de l’innocence est à coup sûr plus difficile à faire que de taper dans un ballon en ouverture d’un match. Un match où, sans violence verbale et physique évidemment, se jouait la suprématie régionale entre Orléans et Tours ________


 Aveuglement.- Le matraquage handballistique bat son plein. La France sera championne du monde au Qatar, grand pays démocratique et féministe qui fait du sport son outil diplomatique majeur en arrosant financièrement et sans scrupules les plus hautes autorités du mouvement sportif. Un sport évidemment symbole de la pureté, de la loyauté et de la neutralité. La France va battre en finale... le Qatar qui a également acheté 13 de ses seize joueurs (mélange magnifique de nationalités bref de joueurs de tout pays y compris un Français devenus qatariens l'espace de quelques compétitions !). Champions du monde, les Français empochent un prime individuelle de 40 000 euros. C'est très peu au Qatar ! C'est 27 fois le SMIC en France. Bref, un titre mondial de handball vaut plus de 2 ans du labeur d'un Smicard. Normal affirmeront les amoureux du sport. Rien à dire diront les autres dramatiquement repliés sur le refus obtus d'analyser le sport comme un phénomène social à la fois politique, idéologique et économique. L'aveuglement complice est terrible. Affligeant.


 


Le démagogue Cohn Bendit.- Quelques jours après les attentats, Daniel Cohn Bendit, l'amoureux du ballon rond, a voulu trouver dans le football l'idéal de solidarité, d'amitié, de fraternité que le sport prétend porter et que "Dany le footeux", peu soucieux du réel, défend aveuglément. Cet idéal, les dirigeants des clubs ont vite rappelé à quel point c'était un mythe. Cohn Bendit qui croit encore que le sport a des vertus sociales - il est tellement "démago" qu'il nous ferait croire que taper dans un ballon empêche d'être terroriste ! - a proposé une taxe de 2% sur les recettes générées par le football professionnel. Les présidents de clubs n'ont pas critiqué la démagogie mais la taxe qui constituerait une charge insupportable pour leur entreprise. Le sport en général et le football en particulier symbolisent parfaitement cette société de concurrence effrénée, de compétition impitoyable, cette société du chacun pour soi où la loi dominante est la loi du profit et où les inégalités sont colossales.


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Ginola, le SMIC et le silence complice face à l’indécence sportive.  Ce 16 janvier, le site de paris sportifs irlandais Paddy Power, qui a organisé et diffusé la conférence de presse au cours de laquelle David Ginola a annoncé son intention de se porter candidat à la présidence de la FIFA, a confirmé l’avoir payé 250.000 livres (327.000 euros environ) pour sa participation à l’évènement. Le monde est fou. 327 000 euros  c’est  224 fois le SMIC mensuel porté le 1er janvier à moins de 1458 euros. Un smicard devra travailler plus de 18  ans pour gagner ce que Ginola a empoché pour annoncer une candidature « bidon ».  Une fois encore le sport prouve qu’il est bien le symbole de l’égalité, de la fraternité, du vivre ensemble, du bien commun, du respect d’autrui.


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Lundi 12 janvier 2015


 L'imposture absolue


  Les "amis de Charlie Hebdo" sont aujourd'hui des millions.


 


  Je me méfie toujours devant la bonne conscience de tant de gens qui, hier encore, étaient prêts à laisser mourir le journal très endetté. J'espère avoir tort. J'espère que la "mobilisation émotionnelle historique" connaisse un prolongement. J'espère que le "vivre ensemble", la liberté, l'égalité ne soient pas que des mots et des slogans. Je doute... 


   Je me méfie toujours des conversions subites à la liberté d'expression de la part de ceux qui à leur niveau (Médias, Université, etc) font taire en permanence les discours critiques (en économie mais plus encore à propos du fait social sur lequel travaille le CACS)


   Je lis ici et là que le monde sportif est très mobilisé. Il ne le fut jamais (y compris les amoureux du sport venus de tous les horizons) quand de très grands événements sportifs ont eu lieu dans des pays qui portent atteinte quotidiennement aux Droits de l'Homme et à la liberté de la presse : Berlin, l'Argentine, Moscou, Pékin, Sotchi, etc. La liste est longue.


   La presse française  (et pas seulement le seul quotidien dit sportif) incapable d'accorder la parole à ceux qui mettent en doute le discours sur les vertus du sport et sur l'idéal olympique, donne aujourd'hui des leçons de liberté d'expression. Parti unique, presse unique, pensée unique telle est la réalité du monde dit sportif (dit sportif car il est aussi et avant tout économique, politique et idéologique). 


   Cabu, Wolinski, Tignous, Charb et les autres auraient certainement été amusés et indignés de tant de "soutiens". 


    "Sport : l'imposture absolue". Ce titre est plus que jamais d'actualité.


 


                                                 Michel Caillat


 


Hommage à vous
 
   Les mots sont impuissants pour exprimer l’horreur de la barbarie. Comme l’écrit l’économiste Jean-Marie Harribey, nous sommes atterrés. 
   Atterrés que ces plumes et ces voix aient été lâchement assassinées.  
   Ulcérés devant de tant de violence et de haine envers l’humanité humaine, nous pleurons de tristesse et de stupeur. 
   Je suis Charlie, nous sommes Charlie, telle est la réponse que spontanément la société oppose à cette violence et à cette haine.
   Les journalistes de Charlie Hebdo étaient des "atterrés" non violents. Nous sommes tous des atterrés non violents, mais déterminés. M.C.