Archives
jusqu'en Août 2015
Le Tour de France est intouchable
Les éleveurs ont choisi la mauvaise cible
"On bloque l'Ile d'Oléron pour se faire entendre, pour avoir des retombées médiatiques" disent les éleveurs
Questions :
Le Tour de France est intouchable
Les éleveurs ont choisi la mauvaise cible
"On bloque l'Ile d'Oléron pour se faire entendre, pour avoir des retombées médiatiques" disent les éleveurs
Questions :
. Pourquoi bloquent-ils le pont de l'Ile
d'Oléron, lieu familial, et ne bloquent-ils pas le pont de l'Ile de
Ré, lieu plus "people"
. Pourquoi, plus encore, bloquent-ils le Pont d'Oléron et n'ont-ils pas bloqué les routes du Tour de France ? Voilà qui aurait fait beaucoup plus de bruit que "la prise en otages" des travailleurs et touristes de l'Ile d'Oléron ?
Réponses :
Parce ce que le sport en général et le Tour en particulier sont intouchables.
Parce que les éleveurs savent fort bien que leur prétendue popularité largement soulignée par la presse (les cheminots et les enseignants seraient immédiatement accusés de prendre en otages - sans guillemets- voyageurs et élèves en utilisant des armes similaires) aurait irrémédiablement chuté si la course avait été arrêtée. Une course qu'on qualifie hâtivement de "fête populaire" et qui est d'abord et avant tout une "foire commerciale" (parole dela
Ministre en 1983) et une vitrine de la libre
entreprise, de l'économie de marché et pour le dire plus simplement, du
capitalisme.
__
. Pourquoi, plus encore, bloquent-ils le Pont d'Oléron et n'ont-ils pas bloqué les routes du Tour de France ? Voilà qui aurait fait beaucoup plus de bruit que "la prise en otages" des travailleurs et touristes de l'Ile d'Oléron ?
Réponses :
Parce ce que le sport en général et le Tour en particulier sont intouchables.
Parce que les éleveurs savent fort bien que leur prétendue popularité largement soulignée par la presse (les cheminots et les enseignants seraient immédiatement accusés de prendre en otages - sans guillemets- voyageurs et élèves en utilisant des armes similaires) aurait irrémédiablement chuté si la course avait été arrêtée. Une course qu'on qualifie hâtivement de "fête populaire" et qui est d'abord et avant tout une "foire commerciale" (parole de
__
Mediapart
12 juin 2015
France – Entretien
«Objections»,
l'émission politique
Chaque semaine, Hubert Huertas et la rédaction
de Mediapart reçoivent une personnalité politique. Un entretien d'une
demi-heure maximum, sur une thématique, loin des petites phrases.
Michel Caillat : « Le sport est un
phénomène social majeur de notre temps. Il est incompréhensible qu’il reste en
dehors de tout débat argumenté»
12 juin 2015 | Par Hubert Huertas et
Stéphane Alliès
Le scandale de la Fédération
internationale de football s’étend et s’aggrave, mais Michel Caillat, invité
d’Objections cette semaine, ne voit dans cette affaire qu’un épisode de plus
dans une histoire éternelle, qui secoue « la Fifa depuis quarante ans, et le sport depuis
toujours ». Michel Caillat dirige le Centre d’analyse critique du sport, et a
publié une dizaine d’ouvrages sur ce qu’il appelle « une imposture absolue ».
Il explique pourquoi dans l’entretien accordé à Médiapart au cours duquel il
évoque les fonctions politiques, idéologiques et économiques du sport.
Pour écouter l’émission taper :
Mediapart- Michel Caillat sur un moteur de
recherche
ou
http://www.dailymotion.com/video/x2tnq4e_michel-caillat-l-affaire-blatter-existe-depuis-toujours_news
________________
Quand l’accessoire cache l’essentiel
Le premier ministre va assister à
la finale de la
Champions League et la meute crie au scandale. Le fameux «
argent du contribuable » aurait été une fois encore gaspillé. Le voyage était
symboliquement maladroit, inutile, etc., mais l’important est ailleurs.
Faire le « buzz » (le tintamarre, le ramdam) avec rien ou presque rien ça
évite d’aborder l’essentiel, les vraies questions :
-
Quel sera le coût de cet Euro 2016 pour la France ? (2 milliards d’euros estimés au minimum)
-
Quelles retombées économiques et sociales entraînera l’organisation de cet Euro
2016 ? Les leçons de l’histoire contredisent clairement les discours d’évidence
sur le bilan positif des grands événements sportifs.
-
Que penser de ce matraquage, de cette propagande, bref de ce conditionnement du
peuple français à un an de l’ouverture de l’Euro 2016 ? Le sport opium du
peuple est-ce vraiment une simple formule qui fait s’évanouir les amoureux de
la balle ronde (et beaucoup d’autres) ou une réalité indiscutable tant
les compétitions de haut niveau saturent notre espace et notre temps, et donc
la conscience des acteurs sociaux ?
Interventions dans les écoles,
nomination de 11 ambassadeurs pour mobiliser les masses, désignation
d’ambassadeurs de villes, bus des volontaires qui parcourent la France , réception de Michel
Platini, président de l’UEFA, à l’Elysée, presse a-critique face à l’événement
avec une liberté surveillée pour les journalistes de France Inter qui
parraine l’événement (il faut plaindre les journalistes de la radio publique
qui ne joueront pas les courroies de transmission avec à leur tête le
supporteur numéro 1 de l’équipe de France, Jacques Vendroux).
Pendant un an, la propagande pro
sportive va non seulement envahir tous les lieux mais va faire apparaître une
fois de plus le sport comme « allant de soi », comme intouchable et
impensé. Or, l’organisation d’une telle compétition met parfaitement en
lumière les fonctions politiques, économiques et idéologiques du sport.
Le voyage de Manuel Valls est un
épiphénomène. Plus que le voyage ce sont ses déclarations sur l’image de la France et c’est
l’accompagnement par ses deux enfants (ont-ils choisi d’y aller ?) qui
devraient nous poser des questions. Mais voilà, s’interroger sur le
conditionnement de la population et d’abord de la jeunesse, se demander si la
vie doit se résumer à être spectateur et non acteur demande plus de travail que
la simple indignation devant un voyage à Berlin. Contre les grands événements
et les gigantesques infrastructures, on peut rêver d’une foule de petits
espaces et de salles où la majorité des citoyens feraient de l’activité
physique au lieu de regarder des champions et de vivre ainsi par
procuration.
____________
De l’école au Comité “11 tricolores”
La propagande discrète mais efficace pour
l’Euro 2016
“Au terme d’une semaine dite
agitée, le football a repris ses droits” . Voilà la formule d’usage qui
permet de passer au plus vite à autre chose et de faire croire que le football
ce n’est que 22 acteurs et un résultat.
La victoire du PSG en finale de la Coupe de France devant le
“petit” Auxerre et celle de Barcelone en Coupe du roi (la Coupe d’Espagne) avec le
“but magique du génie Messi” (!) ont fait oublier les affrontements et
hypocrisies du congrès de la
FIFA.
Sans l’intervention de la
justice, l’affaire de corruption, mal qui frappe la FIFA depuis des dizaines
d’années, serait passée inaperçue. Qui se souvient dans quel climat a eu
lieu l’élection de Sepp Blatter en 2011 ?
Cette semaine encore, le
trentième anniversaire de la tragédie du stade du Heysel (39 morts et 500
blessés le 29 mai 1985) a été largement ignoré. La violence, aussi permanente
que la corruption, ne mérite d’intérêt et d’analyse qu’au moment des
grandes catastrophes (Lima, Sheffield, Bastia,)
Le sport étant aussi
conditionnement des esprits, la
France est touchée par la propagande discrète mais efficace
pour l’EURO 2016, événement d’ores et déjà présenté par le puissant
complexe politico-médiatico sportif comme une magnifique “fête
populaire”. Le matraquage commencé il y a quelques mois dans les écoles
se poursuit avec la nomination ce 30 mai par François Hollande de 11
ambassadeurs chargés de mobiliser les masses et avant tout la jeunesse. Le
Docteur Michel Cymes a même accepté de faire partie de cette “équipe”
sans voir qu’il alimentait ainsi la confusion entre sport et activité physique.
En une semaine les fonctions
politiques, économiques et idéologiques du sport ont été parfaitement
illustrées.
En une semaine, le sport a montré
qu’il était bien à tout niveau, une “imposture absolue”.
Mais finalement qui souhaite
réellement un débat de fond sur l’institution sportive, sa puissance
idéologique, son poids économique, son rôle politique ?
Faute de vouloir dialoguer,
échanger des points de vue, la plupart des amoureux du sport (pratiquants,
journalistes, hommes politiques, etc.) se réfugient dans le silence, technique
bien connue pour que rien ne change. D’autres accusent, dénigrent, insultent
sans le moindre argument ceux qui cherchent à comprendre et à faire comprendre.
Il ne faut pourtant pas l’oublier
: analyser le sport c’est aussi la société.
____________________
Le (nouveau) scandale de la FIFA en est la plus parfaite
illustration
Sport : l’imposture absolue
« Le sport illustre une catégorie d’imposture
indépassable, l’imposture absolue, celle qui consiste à cacher des desseins peu
moraux voire immoraux sous le couvert d’une éthique universelle » - Michel
Caillat, « Sport : l’imposture absolue », Editions Le Cavalier Bleu,
2014
Tout le monde le sait mais tout
le monde, à quelques très rares exceptions, se tait depuis très longtemps
La corruption de la FIFA est connue, démontée, dévoilée.
“Toutes
les affaires des vingt dernières années ont été rapidement étouffées par le
gouvernement du football et par une certaine presse” dans un ouvrage
important publié en... 1982 !
Comme sur le dopage, la violence,
le poids de l’argent et de la politique, les magouilles, etc. rien ne changera.
Tout, en matière de corruption, continuera comme avant, tant les silences
complices et les fausses indignations sont nombreux dans le mouvement sportif,
la presse, le monde politique et l’univers des amoureux du sport (sans oublier
tous les indifférents). L’essentiel c’est de faire rêver, de susciter des
émotions. La vitrine doit être accueillante. Inutile d’aller à l’intérieur de
la “boutique”.
Le mariage d’amour (du
football) est d’abord un mariage d’intérêts pour le complexe médiatico politico
sportif. On nous parlera encore longtemps de l’idéal sportif et de ses valeurs
de respect, de loyauté, de pureté...
----------
En 2011 l’élection du Président de la FIFA s’est déroulée dans une atmosphère
asphyxiante. Voici ce qu’on pouvait lire le jour de la réélection de Sepp
Blatter : “La journée de mercredi s'est déroulée sans accroc pour Blatter,
alors que l'instance du football mondial est au coeur d'une tempête incroyable
depuis une semaine, cernée par les accusations de corruption et minée par des
enquêtes internes”
En 2011 , Platini soutenait Blatter et
affirmait : “La mission de Blatter est maintenant de libérer la FIFA des brebis galeuses”
En 2011, Platini avait sans doute la certitude
que Blatter s’effacerait en 2015 et lui laisserait la place...
L’anniversaire oublié ?
N’oublions pas (et visiblement c’est
oublié par beaucoup de monde) : Il y a 30 ans, le 29 mai 1985, Michel Platini
marquait le but victorieux de la
Juventus de Turin devant Liverpool en finale de la Coupe d’Europe des clubs
champions. Il marquait quelques minutes seulement après la tragédie du stade du
Heysel qui a fait 39 morts et plus de 500 blessés. Le football assassiné ou
assassin ? La question fut vite enterrée...
______________
La dialectique sportive des "amis de
Mélenchon"
Le Front de gauche pour les Jeux Olympiques de
Paris 2024 à Orléans
mais contre les Jeux Olympiques de Paris 2024
à Paris !
(voir page J.O. de Paris - onglet ci-dessus)
________________
US Orléans : le match de la
mort ! L’USO : vaincre ou mourir.-
Le
match USO-Sochaux du vendredi 22 mai se jouera en toute décontraction, dans le
but de proposer un beau spectacle aux supporters venus voir une rencontre
agréable et de qualité quel que soit le résultat. Les titres de la presse et
les déclarations des responsables nous le confirment : l’essentiel c’est
de participer !
Bien sûr, des millions sont en
jeu, une descente en nationale serait catastrophique pour les finances, pour
les joueurs et les autres salariés du club, bien sûr pour la ville une belle
vitrine disparaîtrait (l’équipe de basket a failli subir le même sort et tout
dans les coulisses prouve que la politique n’intervient jamais !), bien
sûr la pression est terrible, mais nul doute que le jeu primera l’enjeu !
Vous ne le croyez pas ?
C’est pourtant ce que le discours dominant nous martèle depuis
toujours : le sport n’est qu’un divertissement, rien de plus. Un jeu où
priment - on vous le répète depuis votre plus jeune enfance - les valeurs
de respect, de loyauté, de pureté et de fraternité. Il a fallu une décision de
la commission supérieure d'appel de la Fédération française de football pour que les
responsables orléanais ouvrent momentanément les yeux : « D'abord, je
suis étonné de la date choisie pour communiquer cette décision. 48 heures avant
la dernière journée : c'est se moquer du monde, c'est manquer de respect à ceux
qui travaillent et c'est ne pas respecter l'équité du championnat, affirme
Olivier Frapolli, l’entraîneur de l'US Orléans. La tentative de corruption
est avérée puisque sanctionnée. Et combien ça coûte ? Huit points la saison
prochaine ! Presque rien en fait. Elle est où la morale ? Pour moi, c'est donc
un encouragement à la corruption de la part de la FFF. »Quoi de la corruption
dans le football ? Non, jamais, ça se saurait"
La réaction de Philippe Boutron,
le Président du club, est plus vive encore : « Cette décision, c'est la
porte ouverte à tout. Le pire, c'est qu'elle est prise par la FFF qui se veut garante de
l'éthique. C'est une vaste fumisterie. Qu'on ne vienne plus nous parler de
déontologie, d'éthique ou de respect. Maintenant, en football, il faut mieux
avoir de bons avocats ou un bon lobbying que de bons joueurs ».
Boutron et Frappoli semblent enfin
comprendre qu’il y a un fossé entre les discours sur le sport et la réalité.
Que l’idéal sportif n’est qu’un pur échafaudage idéologique. Bref, que le sport
est une « imposture absolue ». Oseront-ils le dire
clairement même en cas de maintien ? Vous connaissez la réponse…
______________
France 2 invente l'eau chaude (ou tiède)
La chaîne publique annonce une
enquête exceptionnelle (un document choc) dans le Stade 2 du dimanche 3 mai.
Une enquête sur le dopage. Huit sportifs de bon niveau se sont dopés et France
2 avec ses fins limiers en tirent des conséquences terribles. Le fait que des
sportifs se soient dopés n'est pas une nouveauté mais dans le cas
présent, ils étaient publiquement consentants pour les besoins de
l'expérience (alors qu'habituellement tout se passe en privé, dans le secret
des “vestiaires”). Les deux résultats majeurs de la dite expérience
bouleversent les connaissances : d'une part, avec le dopage, les performances
sont meilleures ; d'autre part, même dopés, les sportifs ne sont pas
contrôlés positifs. Voilà deux révélations qui changent la donne. Et qu'on peut
trouver dans une foule d'articles (y compris ceux des membres du CACS) depuis
trente ou quarante ans ! Dans l’enquête, deux chercheurs prônent la
légalisation du dopage. C’est une demande formulée dès les années 20 et à
plusieurs reprises dans les années 1960-70.
L’essentiel dans l’affaire est de
faire croire que “ce protocole va servir de base pour améliorer les
méthodes de détection et le passeport biologique” parce que “ sinon les
tricheurs risquent de continuer de courir et rouler tranquilles ! »
C’est clair, France 2 prépare le
Tour de France. Thierry Adam, Gérard Holtz, Laurent Jalabert et le petit
nouveau Eric Fottorino (un amoureux du vélo !) pourront ainsi dans quelques
semaines nous vendre une course propre qui en aura enfin fini avec ses sales
années (un refrain bien connu depuis longtemps et largement chanté par le
directeur de l’épreuve, un ancien de la maison).
_________
Vive Marcelo Bielsa
ou le jeu contre le sport !
L'entraîneur d'Evian Pascal
Duprat dit clairement ce que toute la presse dite spécialisée (et surtout
limitée aux simples résultats et aux commentaires insignifiants) pense :
Marcelo Bielsa s'est moqué du football en laissant Lorient marquer cinq buts au
stade Vélodrome. C'est la crise à l'OM, c'est honteux, c'est inadmissible.
Le sport c'est ça : la
gagne ou rien. Mieux vaut vaincre 1-0 en marquant à la dernière minute au terme
d'une rencontre très ennuyeuse que voir huit buts au terme d'une rencontre
exaltante truffée d'erreurs de débutants (de pupilles ou de minimes comme
on dit encore parfois). L'OM a joué – certains sans se fatiguer comme
Thauvin, le gamin qui fait la tête - et a perdu.
Marcelo Bielsa donne une leçon a
tout le monde. Il a simplement oublié que le sport n'est pas un jeu (lire le
chapitre consacré à cette différence majeure dans le livre de Michel Caillat,
"Sport, l'imposture absolue”, Editions Le Cavalier Bleu, 2014).
Bielsa a
raison : Oui au jeu, Oui à l’activité physique, Non au
sport !
________
Le sport facteur de diversion ? Non
jamais. Les Marseillais savent défendre les vraies causes humanitaires
Près de 7 000 personnes manifestent pour
et contre Bielsa
Environ 200 personnes à Marseille à une
manifestation en soutien aux "migrants"
Des supporters
marseillais bien connus pour leur bon esprit (le bon esprit est le
contraire de l’esprit sportif) ont bien compris la démarche de l’entraîneur
chilien en organisant une marche pro Bielsa . Il est vrai que c’était juste
avant le match contre Lorient.
Depuis, ces mêmes supporters ou
d’autres aussi versatiles que la presse provençale (et nationale) ont décidé
d’organiser une autre manifestation à l’objectif social majeur : voir
Marcelo Bielsa quitter la
Canebière. Leurs commentaires sont magnifiques,
sublimes aurait dit Marguerite Duras. Karim B., ultra marseillais depuis plus
de dix ans, critique ainsi Bielsa. « On nous a vendus Dieu et on se
retrouve avec un gourou merdique digne de Raël. Même mon petit-neveu de cinq
ans se débrouillerait mieux que lui. Et le match d’hier, c’est le pompon ! Les
Merlus nous ont mis cinq buts… cinq buts ! Même le petit péteux de Jordan Ayew
s’est baladé comme un Messi et Ripoll, l’entraîneur qui ressemble à un
marin-pêcheur, lui a donné une leçon tactique. » Bravo pour la finesse de
l’analyse.
De son côté, Vincent,
ancien partisan du mouvement « Bielsa No Se Va », fait machine
arrière. « Je me sens comme un cocu. J’y ai cru à cette histoire, mais
là, je dois me résoudre à l’évidence ; Bielsa est véritablement fou ». Comme
Karim et Vincent, plus de 7.000 supporters marseillais participent à la
manifestation anti-Bielsa le dimanche 26 avril avec de très solides mots
d’ordre : « 11M€ pour une chèvre comme Ocampos, on dirait un transfert
effectué par les Parigos ! ». Le mouvement « Bielsa ne part pas » se
transforme ainsi rapidement en « Bielsa, dégage ! », vocabulaire
plus proche du jargon footballistique.
Discours affligeant, désolantes attitudes
de personnes qui vivent par procuration. Les observateurs (presse, personnel
politique, milieux intellectuels) applaudissent ou se taisent devant de
tels comportements mais ne veulent surtout pas se désolidariser du
peuple. Le foot est populaire donc le foot est sacré. Derrière les « Bielsa
no se va », ils feignent d’entendre « El pueblo unido jamas
sera vencido ».
Quand des manifestations
sportives attirent beaucoup plus de monde que des manifestations de défense du
pouvoir d’achat et des retraites, ou de lutte contre les discriminations et les
atteintes aux droits de l'Homme, il est bon de réfléchir aux deux affirmations
suivantes : d’une part, le sport, facteur de diversion, n’est pas un
phénomène neutre et anodin ; d’autre part, le peuple uni aveuglément
derrière un ballon rond loin de n’être jamais vaincu, l’est toujours.
____________
Non, Monsieur Joffrin,
les trois anciens champions morts dans un accident d'hélicoptère ne vivaient
pas la vie que beaucoup de citoyens veulent vivre. En tout cas, il faut
l'espérer. Il y a d'autres valeurs à défendre que l'éternel dépassement de
soi , l'impitoyable esprit de compétition, la concurrence impitoyable et
permanente, le "flirt" jouissif avec l'extrême et la mort, etc.
Ce n'est pas insulter les disparus que de le
dire haut et fort. On peut vivre une vie plus... humaine.
________
La "grande" presse en parlera dans
10 ou 15 ans
Le rapport de la Commission indépendante
de réforme du cyclisme (tout un programme !) publié le 9 mars, revient sur
les pratiques dopantes du peloton depuis 1998 et sur la gestion du problème par
l'Union cycliste internationale (UCI). Le rapport précise que Lance Armstrong a
été protégé par l’UCI de 1991 à 2005. Faut-il préciser que Lance Armstrong a
également été fortement protégé par une grande partie de la presse :
demandez à Holtz, Godard, Drucker et autres Prudhomme devenu… directeur du Tour
de France. Le rapport juge effarante la proximité entre le coureur
américain et l’UCI. Le CACS juge tout aussi effarante la proximité entre
la presse et les sportifs. Soutien d’Armstrong hier malgré tous les faits de
présomption, elle récidive en assurant l’omerta sur le dopage dans le rugby et
dans le football. Dans une dizaine d’années, un rapport viendra officiellement
confirmer les pratiques dopantes généralisées dans ces deux grands sports
collectifs. Les médias joueront alors les justiciers et dénonceront vertement
des pratiques qu’ils couvrent aujourd’hui.
________
Le refus de savoir est terrible. "Dany"
le sait trop bien...
En ce début mars, Daniel
Cohn Bendit est l'invité d'une foule de radios et de télévisions. Il a ses
entrées un peu partout pour défendre un documentaire sur l'exception Socrates
et vendre les prétendues valeurs du sport. Comme un enfant, "Dany le
rouge" (tu parles !) nous raconte son mondial dans le pays du joueur
Brésilien. Ce documentaire insignifiant symbolise l'aveuglement des
journalistes et des militants dits progressistes face au sport. Dans le
même temps, Pierre Ballester qui n'est pas un critique du sport - loin s'en
faut - sort son livre sur le dopage dans le rugby. Silence on joue. Ballester
n'est pas Cohn Bendit. On ne touche pas au sport en général et moins encore au
rugby en particulier. La censure, l'ignorance entretenue, le silence
complice sur ce qui est aujourd'hui le plus grand phénomène de masse sont
terribles. Nos discours ne changent rien. Vous pouvez apporter 1000 preuves que
l'argent, le dopage, la violence, le racisme dans le sport ne datent pas
d'hier, que sport et capitalisme sont intrinsèquement liés et que le sport
a toujours été l'enfant chéri des pouvoirs les plus autoritaires, vous vous
heurtez au mur des "institutionnels" (médias, personnel
politique, etc) et au refus de savoir du plus grand nombre.
____
Le rugby, ses valeurs et le dopage
Pierre Ballester qui avait sorti des livres
intéressants, documentés et justes sur Lance Armstrong publie un livre qui «
charge » le rugby dans quelques jours (1). Le monde du ballon ovale s’étouffe
déjà à la seule lecture des bonnes feuilles. Or, sans aller très loin dans le
temps, nous reproduisons ci-dessous les premières lignes du chapitre consacré
au dopage dans le livre de Michel Caillat sorti en 2002, « Le Sport
», Collection Idées reçues, Editions Le Cavalier Bleu. Curieusement, Pierre
Berbizier semble aujourd’hui se réfugier dans le mutisme.
---
(1) Rugby à charges, l'enquête choc (éditions La Martinière ), Sortie le
5 mars
__________
Le dopage ternit l’image du sport
«J'en ai pris durant toute
ma carrière, j'en ai pris de quoi faire sauter la Tour Eiffel et j'ai
gardé bon pied, bon œil ». Victor Linard, champion du monde de cyclisme
(années 1920)
Le 6 janvier 2001, Pierre
Berbizier, ancien capitaine et entraîneur du XV de France, confesse : «Il y
a du dopage dans le championnat de France de rugby». Ses déclarations font
l'objet d'une bombe. «Je tombe des nues» avoue Serge Simon, Président du
Syndicat national des joueurs. Ce sont des déclarations «courageuses»
souligne Marie-George Buffet, Ministre de la Jeunesse et des Sports.
En quelques lignes se trouve ici résumée toute l'histoire des discours sur le
dopage et de ses trois grands supports : la fausse révélation, l'étonnement
naïf et le faire-semblant. Sans aller très loin en arrière, quelques archives
rappellent opportunément qu'un contrôle prévu lors du match du Tournoi des Cinq
Nations France-Irlande en 1968 a déclenché une vraie polémique. En 1972,
dans sa thèse de pharmacie, Christian Bimes, devenu président de la fédération
française de tennis, écrit à propos du rugby : «Si aucun contrôle officiel
n'a été réalisé, il n'en reste pas moins que certains joueurs de second plan
ont avoué s'être dopés». A la même époque, le Président de la Fédération Albert
Ferrasse juge le «problème bien embarrassant». C'est net, Pierre
Berbizier a dit tout haut ce que l'immense majorité murmure ou ne veut pas voir
depuis longtemps.
______
Allez les Verts !
Lu le samedi, 21 février sur le site Mag
Centre ce titre : « USO-TFC, 2-1: un beau derby » . Et
comme intertitre ce qui suit : « Festival de coups francs et
de cartons ». Comme dirait le philosophe : qu’est-ce que le
beau ? Ce match était parrainé par la Région Centre et le
coup d’envoi a même été donné par le Conseiller régional Ecologie-les Verts,
Jean-Philippe Grand (EELV), Faire du sport un vrai sujet de débat n’intéresse
ni la droite, ni la gauche (PS), ni les Verts, ni le NPA, ni le Parti de
gauche. Une analyse politique, économique et idéologique de ce fait social de
masse qui se présente sous le masque de la neutralité et de
l’innocence est à coup sûr plus difficile à faire que de taper dans un ballon
en ouverture d’un match. Un match où, sans violence verbale et physique
évidemment, se jouait la suprématie régionale entre Orléans et Tours ________
Aveuglement.- Le matraquage
handballistique bat son plein. La
France sera championne du monde au Qatar, grand pays
démocratique et féministe qui fait du sport son outil diplomatique majeur en
arrosant financièrement et sans scrupules les plus hautes autorités du
mouvement sportif. Un sport évidemment symbole de la pureté, de la loyauté et
de la neutralité. La France
va battre en finale... le Qatar qui a également acheté 13 de ses seize joueurs
(mélange magnifique de nationalités bref de joueurs de tout pays y compris un
Français devenus qatariens l'espace de quelques compétitions !). Champions du
monde, les Français empochent un prime individuelle de 40 000 euros. C'est très
peu au Qatar ! C'est 27 fois le SMIC en France. Bref, un titre mondial de
handball vaut plus de 2 ans du labeur d'un Smicard. Normal affirmeront les
amoureux du sport. Rien à dire diront les autres dramatiquement repliés sur le
refus obtus d'analyser le sport comme un phénomène social à la fois politique,
idéologique et économique. L'aveuglement complice est terrible. Affligeant.
Le démagogue Cohn Bendit.- Quelques jours
après les attentats, Daniel Cohn Bendit, l'amoureux du ballon rond, a voulu
trouver dans le football l'idéal de solidarité, d'amitié, de fraternité que le
sport prétend porter et que "Dany le footeux", peu soucieux du
réel, défend aveuglément. Cet idéal, les dirigeants des clubs ont vite
rappelé à quel point c'était un mythe. Cohn Bendit qui croit encore que le
sport a des vertus sociales - il est tellement "démago" qu'il nous
ferait croire que taper dans un ballon empêche d'être terroriste ! - a proposé
une taxe de 2% sur les recettes générées par le football professionnel. Les
présidents de clubs n'ont pas critiqué la démagogie mais la taxe qui
constituerait une charge insupportable pour leur entreprise. Le sport en
général et le football en particulier symbolisent parfaitement cette société de
concurrence effrénée, de compétition impitoyable, cette société du chacun pour
soi où la loi dominante est la loi du profit et où les inégalités sont
colossales.
_________
Ginola, le SMIC et le silence complice face à
l’indécence sportive. Ce 16 janvier, le site de paris sportifs irlandais Paddy
Power, qui a organisé et diffusé la conférence de presse au cours de laquelle David Ginola a annoncé son intention de se porter candidat
à la présidence de la FIFA, a confirmé l’avoir payé 250.000 livres (327.000
euros environ) pour sa participation à l’évènement. Le monde est fou.
327 000 euros c’est 224 fois le SMIC mensuel porté le 1er
janvier à moins de 1458 euros. Un smicard devra travailler plus de 18 ans
pour gagner ce que Ginola a empoché pour annoncer une candidature
« bidon ». Une fois encore le sport prouve qu’il est bien le
symbole de l’égalité, de la fraternité, du vivre ensemble, du bien commun, du
respect d’autrui.
_____
Lundi 12 janvier 2015
L'imposture absolue
Les "amis de Charlie Hebdo"
sont aujourd'hui des millions.
Je me méfie toujours devant la bonne
conscience de tant de gens qui, hier encore, étaient prêts à laisser mourir le
journal très endetté. J'espère avoir tort. J'espère que la
"mobilisation émotionnelle historique" connaisse un
prolongement. J'espère que le "vivre ensemble", la liberté, l'égalité
ne soient pas que des mots et des slogans. Je doute...
Je me méfie toujours des
conversions subites à la liberté d'expression de la part de ceux qui à leur
niveau (Médias, Université, etc) font taire en permanence les
discours critiques (en économie mais plus encore à propos du fait social sur
lequel travaille le CACS)
Je lis ici et là que le monde
sportif est très mobilisé. Il ne le fut jamais (y compris les amoureux du
sport venus de tous les horizons) quand de très grands événements sportifs
ont eu lieu dans des pays qui portent atteinte quotidiennement aux Droits de
l'Homme et à la liberté de la presse : Berlin, l'Argentine, Moscou, Pékin,
Sotchi, etc. La liste est longue.
La presse française (et pas
seulement le seul quotidien dit sportif) incapable d'accorder la parole à ceux
qui mettent en doute le discours sur les vertus du sport et sur l'idéal
olympique, donne aujourd'hui des leçons de liberté d'expression. Parti unique,
presse unique, pensée unique telle est la réalité du monde dit sportif (dit
sportif car il est aussi et avant tout économique, politique et
idéologique).
Cabu, Wolinski, Tignous, Charb et
les autres auraient certainement été amusés et indignés de tant de
"soutiens".
"Sport :
l'imposture absolue". Ce titre est plus que jamais d'actualité.
Michel Caillat
Hommage à vous
Les mots sont impuissants
pour exprimer l’horreur de la barbarie. Comme l’écrit l’économiste Jean-Marie
Harribey, nous sommes atterrés.
Atterrés que ces
plumes et ces voix aient été lâchement assassinées.
Ulcérés devant de tant de violence
et de haine envers l’humanité humaine, nous pleurons de tristesse et de
stupeur.
Je suis Charlie, nous
sommes Charlie, telle est la réponse que spontanément la société oppose à cette
violence et à cette haine.
Les journalistes de
Charlie Hebdo étaient des "atterrés" non violents. Nous sommes tous
des atterrés non violents, mais déterminés. M.C.