vendredi 24 juin 2011

Le sport, l’hypocrisie et l’éternel double discours
Les amoureux ou non du sport dénoncent en permanence son invasion par « l’argent fou » mais soutiennent aveuglément les projets démentiels où l’argent coule à flots. Plus on le dénonce, plus il y en a ! Le sport où l’art du double discours…

   Vous les entendez tous ces amoureux ou non du sport pousser des cris d’orfraie devant l’argent fou. Leur discours irréaliste est bien huilé « Le sport ce n’est pas ça. Le sport c’est les p’tits clubs, les bénévoles, le jeu, la distraction entre copains ».

   Vous les entendez les mêmes amoureux ou non du sport s’enthousiasmer quand le groupe Al Jazeera devient un nouveau diffuseur héritant d’un lot à 90 millions d’euros, Canal Plus s’octroyant les quatre premiers lots pour la modique somme de 420 millions. Vive les gros investisseurs s’exclament ceux qui combattent l’argent fou.    

   Avec son aplomb habituel et son éternel double discours, Frédéric Thiriez, le président de la ligue de football professionnel voit là une merveilleuse chance pour le football (et bien sûr pour les petits clubs, ceux qui comptent !) : « "L'arrivée d'Al-Jazeera représente une très belle opportunité d'exposition au football français. D'autant plus que cette offre est innovante et sera une nouvelle manière de consommer le football". Vous pensiez qu’on jouait au foot ? Non non, on consomme le football ! La mauvaise foi est sans limite. Tous les sportifs et non-sportifs matraqués quotidiennement par le discours idéaliste oublient que le sport n’échappe pas au système qui l’a enfanté, un système dominé par l’argent et basé sur la loi du profit.

  Les amoureux du « petit sport » vous les entendez aussi à Orléans s’enthousiasmer devant la prochaine construction d’une Arena de 10 000 places dont le coût est évalué à plus de 100 millions d’euros ! Orléans (150 000 habitants) sera la plus petite ville au monde à posséder une telle enceinte. Le Président PS du Conseil régional promet 12 millions, le Président UMP du Conseil général en promet 10 et tout le monde est content. Le maire UMP attend 20 millions de l’Etat (qui par ailleurs fait des économies en liquidant les services publics et en supprimant en masse les postes de fonctionnaires) et s’engage à faire payer aux contribuables orléanais les 60 ou 70 millions qui restent ! Le consensus lamine toute contestation.  L'indifférence des non-sportifs et l'aveuglement de trop de militants progressistes sont terribles.

   La grande salle qui aura une équipe résidente (Orléans Loiret Basket) symbolise le sport-spectacle et le "sport-fric" que trop de monde combat dans les mots et soutient dans les actes. L’Arena d’Orléans comme le sport en général ne fait pas débat. Le silence complice de l’opposition et la  censure évidente de tout discours critique par la presse laissent le champ sportif hors de toute réflexion. Tous ces amoureux ou non du sport propre, pur, raisonnable (ce sport fictif que personne n’a jamais connu) ne manqueront pas de défendre les sportifs du dimanche qui n’entreront dans l’Arena que pour être des spectateurs passifs et pour vivre par procuration.

   La société sportive refuse toujours d’être blâmée. Les sportifs aimeraient bien dénoncer l’argent fou et les tares originelles du sport mais ne veulent pas en souffrir. Les non-sportifs constatent l’étendue des dégâts sans vouloir faire de la « religion des temps modernes » - le plus grand mobilisateur de foules -  un sujet digne d’être discuté. Décidément, on ne peut pas être sportif ou non-sportif innocemment.

samedi 11 juin 2011

Partenariat et liberté de la presse
La candidature d’Annecy aux Jeux d’hiver de 2018 est parrainée par Radio France 

Journalistes et producteurs de la radio publique

votre liberté d’expression n’est-elle pas menacée ?

L’Olympisme ce ne sont pas des Jeux neutres et anodins. L’Olympisme est une « philosophie de la vie » selon les mots inscrits dans la Charte. L'institution olympique - et son idéologie de la liberté, de la paix, de la fraternité et de la trêve - structure la conscience de centaines de millions d'individus à travers le monde. « Nous dicterons au monde ce en quoi il doit avoir foi » telle est, dès l'origine, la pensée de Coubertin.


  Le PDG de Radio France a signé en décembre 2010 sans  la moindre réflexion sur l’Olympisme et sans la moindre concertation un accord de partenariat avec Annecy 2018 (voir ci-dessous). Une question importante se pose : l’indépendance des journalistes est-elle assurée quand il faut traiter ce lourd dossier des Jeux aux  enjeux multiples et considérables. Pour des raisons économiques, politiques, idéologiques et écologiques, la candidature française doit être mise sérieusement en question.    Le débat peut-il avoir lieu sur les antennes du service public ? Est-ce le rôle d’une radio de service public de parrainer un tel événement ? Qu’en disent les journalistes et producteurs de Radio France ?


 -------------Le groupe Radio France « supporteur » d'Annecy 2018 ----

   Le mercredi 22 décembre 2010 à Paris, Jean-Luc Rigaut, Maire d'Annecy et co-président d'Annecy 2018, et Jean-Luc Hees, Président-Directeur général de Radio France, ont signé officiellement un accord de partenariat entre le Groupe Radio France et Annecy 2018. Radio France devient ainsi « supporteur » de la candidature française à l'organisation des Jeux Olympiques et Paralympiques d'hiver de 2018.
   Premier groupe radiophonique français, Radio France s'appuie sur six chaînes complémentaires (France Inter, France Info, France Culture, France Musique, Fip et Le Mouv'), ainsi que sur les 42 stations locales composant le réseau France Bleu.Véritable institution nationale, la première entreprise culturelle française s'engage aux côtés de la candidature en devenant le 5e « supporteur ». Dans le cadre de ce partenariat, Radio France mettra notamment à disposition d'Annecy 2018 de l'espace média sur les antennes de ses chaînes nationales : France Inter et France Info, ainsi que sur le réseau France Bleu dès janvier 2011.
   « Nous sommes ravis de compter parmi nos « supporteurs » un groupe de médias tel que Radio France », a déclaré Jean-Luc Rigaut, Maire d'Annecy et co-président d'Annecy 2018. « Il est primordial pour un projet de territoire et un projet national, tel que celui d'Annecy 2018, d'avoir à ses côtés des partenaires médiatiques. Mais au-delà de l'importante exposition de ce partenariat, la Maison de Radio France représente avant tout pour nous un engagement et une mission commune, celle d'agir et de servir le développement de notre territoire à destination de ses citoyens, avec les valeurs d'une candidature à taille humaine, au cœur des montagnes françaises, dans le respect de son cadre naturel exceptionnel ».
   Pour Jean-Luc Hees, Président-Directeur général de Radio France : « Le groupe Radio France est très heureux de s'engager aux côtés d'Annecy 2018 et de soutenir la candidature française à l'organisation des Jeux Olympiques et Paralympiques d'hiver de 2018. Radio France remplit, en matière d'information sportive, un rôle de premier plan : avec près de 50 rédactions et une implantation locale sans équivalent, le groupe dispose en son sein du service des sports le plus important en Europe dans le domaine de la radio. Le sport s'exprime et rayonne sur toutes les antennes qui couvrent l'ensemble des grands rendez-vous sportifs. C'est donc tout naturellement que nous mettons notre savoir-faire au service de ce projet, avec en priorité trois de nos stations : France Inter, France Info et France Bleu. »

lundi 6 juin 2011

Quand les indignés sont expulsés, les sportifs sont appelés à manifester
Pour l'homme, assiégé par la souffrance, l'opium se veut libérateur.
L’opium est la «plante de la joie»
Le sport est le «petit univers de la joie» avec ses «clubs de la joie»

Comme vous le savez sans doute le camp du Capitole a été évacué, et deux semaines d’expression populaire confisquées. Nous étions 200 à nous réunir ce soir, tous un peu secoués, et nous avons dû tirer les leçons de ce coup”. Voilà ce que les indignés de Toulouse écrivaient le 1er juin (le mardi 31 mai, le cabinet du maire avait enjoint aux contestataires de quitter la place du capitole) .
   Parallèlement, deux mille personnes ont assisté le samedi 4 juin au soir, place du Capitole, sur grand écran, à la finale du championnat de France de rugby et la mairie a appelé à un rassemblement de la “population toulousaine” le dimanche 5 juin dans l'après-midi pour fêter l’équipe de rugby dans la joie et la bonne humeur. Des milliers de personnes se sont déplacées. Les démunis, les délaissés, les perdants ont pu ainsi s’identifier aux champions et avoir le sentiment de vaincre, de goûter enfin à la victoire.
   La vie par procuration est-elle une vie ?
   D’un côté la révolte contre l’ordre établi ; de l’autre, le soutien aveugle à l’ordre établi.
   Le sport a toujours été du côté des pouvoirs en place (pas seulement à Berlin en 1936 et dans l’Argentine de Videla en 1978).
   Malheureusement, y compris chez les militants progressistes, le sport reste un sujet tabou, consensuel, intouchable et impensable.
   Il est peut-être temps d’ouvrir les yeux et d’en discuter.
   Il est peut-être temps de penser le sport en le pensant
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A noter.- Ce qui vaut pour Toulouse vaut évidemment pour beaucoup d'autres villes et en premier pour Barcelone. Le 27 mai, les indignés barcelonais ont été évacués manu militari de la place de Catalogne par la police pour laisser la place libre à une éventuelle célébration d'un titre en Ligue des Champions du FC Barcelone. Comme l'a écrit un observateur : "Les "indignés" veulent y croire, mais à Barcelone, le football est tout puissant. La révolution peut bien attendre quelques jours". Messi et ses camarades ont été "dignement" fêtés par près d'un million de supporters...